Arthur Omar KAYUMBA, né le 16 Juin 1991 à Goma en République du Zaïre, l’actuelle RDC, est un écrivain de littérature militaire et analyste de questions de diplomatie et de sécurité… En savoir plus
Ce que j'en pense
Je suis ici, au Nord-Kivu, malgré la guerre et le génocide qui sévissent depuis trois décennies, la vie refuse de s’arrêter.
Dans cette région meurtrie, les habitants, animés d’un courage exceptionnel, bâtissent un avenir, et cela sous des grondements des armes lourdes et des éclats des détonations. Éclaboussés par le sang des martyrs et héros de la nation, ils tiennent bon, armes à la main, regardant avec assurance de l’autre côté du futur. Ce futur, improbable pour ceux du présent, reste pourtant leur certitude. Ils savent qu’ils ne seront peut-être pas là lorsque l’aube du triomphe illuminera la nation. Mais une conviction les anime : ce jour viendra, pour leurs enfants ou les enfants de leurs enfants. Et c’est pour ce rêve qu’ils se battent, même dans l’ombre de l’incertitude.
Ils travaillent sans relâche dans l’agriculture, l’énergie, l’éducation et les infrastructures. La population se nourrit principalement de produits locaux, témoins d’une agriculture résiliente. Le Nord-Kivu abrite des écoles parmi les meilleures du pays, des modèles d’excellence et d’espoir pour l’avenir.
L’accès à l’énergie y est le plus élevé de la RDC grâce à un mix énergétique innovant porté par des opérateurs privés. À Goma, la culture citoyenne atteint des sommets : les non-originaires y sont élus lors des élections législatives, et le contrôle citoyen est une réalité active. La région excelle également dans la salubrité, les routes, l’habitat moderne, l’innovation en technologies de l’information et l’entrepreneuriat.
Si la guerre s’arrêtait, le Nord-Kivu deviendrait à la RDC ce que la Californie est aux États-Unis : un moteur de prospérité et un modèle d’espoir. Cette province incarne une citoyenneté active et une résilience républicaine exemplaires. Ce succès ne repose ni sur la rigidité ni sur la souplesse de la Constitution, mais bien sur la qualité des citoyens et sur une culture profondément ancrée dans le développement et la responsabilité citoyenne.
Partant de cet exemple lumineux, il est crucial de reconnaître que le recours incessant à la réécriture des textes vitaux ou au reniement des interdits fondateurs de la nation traduit l’échec des élites à assumer leur rôle. Ce ne sont pas des lois toujours plus nombreuses qui vaincront la guerre, le sous-développement, la faim ou la corruption, mais les forces morales de la nation.
Ambassadeur Arthur Omar Kayumba
